Jennifer Chambers

Équilibre entre le travail et la vie privée : Faire basculer l’échelle de mortalité

Au cours des deux dernières années, beaucoup d’entre nous ont connu des changements au travail. Que vous ayez eu à travailler à la maison ou à vous rendre sur votre lieu de travail, chacun a dû trouver un équilibre entre l’engagement envers le travail et l’importance accordée à la vie privée. L’autogestion de la santé est un sujet de conversation de plus en plus populaire alors que de nombreuses personnes continuent de lutter contre des problèmes de santé mentale, des charges de travail écrasantes et les exigences de la vie familiale. Pourquoi un équilibre sain entre travail et vie privée est-il si important?

Reculons d’abord au début des années 1990, lorsque des chercheurs japonais ont commencé à étudier le phénomène de décès subits de personnes d’âge moyen apparemment en bonne santé, et à en rendre compte. Ce phénomène a été baptisé « karoshi », ce qui signifie « décès par surmenage ». Le dénominateur commun était de longues semaines de travail en continu, souvent de 60 heures et plus. Ce qui était troublant, c’était que les causes de décès étaient souvent les mêmes : maladie cardiaque, accident vasculaire cérébral ou suicide (1).

Plus récemment, et peut-être en raison de la pandémie et d’un ensemble grandissant de connaissances de plus en plus difficile à ignorer, on a constaté un regain d’intérêt pour le fardeau et les conséquences d’une vie professionnelle excessive.

Selon une publication conjointe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation internationale du Travail (OIT) parue en 2021, près de 400 000 personnes sont décédées des suites d’un accident vasculaire cérébral et près de 350 000 des suites d’une maladie cardiaque en raison de semaines de travail en continu de 55 heures et plus. Entre 2000 et 2016, ce chiffre a augmenté de 42 % dans le cas des maladies cardiaques, et de 19 % dans le cas des accidents vasculaires cérébraux (2). Ces groupes étaient composés à 72 % d’hommes, et la présence de ceux-ci étant plus importante au sein des travailleurs de 60 ans et plus. Des études connexes montrent l’apparition de troubles mentaux au sein de groupes composés de personnes plus jeunes, surtout dans la vingtaine (3).

Que peut-on faire pour endiguer cette tendance inquiétante? Au Japon, une loi a été adoptée pour limiter le nombre d’heures supplémentaires mensuelles. Cependant, les critiques japonais affirment que le seuil des heures supplémentaires autorisées est encore trop élevé et que la loi n’est pas rigoureusement appliquée. Au Canada, de plus en plus d’employeurs sont sensibles à l’équilibre entre le travail et la vie privée et croient qu’il est nécessaire au maintien d’une main-d’œuvre en santé. L’accent est davantage mis sur la qualité du sommeil en tant que fondement d’une bonne santé, et la promotion d’un bon sommeil continue de gagner du terrain, en plus de celle d’une bonne alimentation, de l’exercice physique et d’une intégration sociale positive (4).

Il est de plus en plus évident que le travail acharné est plus satisfaisant lorsque l’on sait quand s’arrêter. Veillez donc à prendre soin de vous et à trouver le bon équilibre entre travail et loisirs.

Notes et références

1. Hunt, Ellen. Wired. Japan’s karoshi culture was a warning: we didn’t listen. wired.co.uk. 6 février 2021.

2. Organisation mondiale de la Santé. Les longues heures de travail augmentent la mortalité liée aux maladies cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux : OMS, OIT. who.int/fr/. 17 mai 2021.

3. Takahashi, Mayasa. Sociomedical problems of overwork-related deaths and disorders in Japan. National Library of Medicine. 22 janvier 2019.

4. Tollin, Lisa. Arianna Huffington shares the secret to her success: Sleep. Nbcnews.com. 5 juin 2017.