Jennifer Chambers

Un seul verre, est-ce un verre de trop?

Boire un verre, prendre un shot, « caler » une bière sont tous des termes couramment utilisés en référence à la consommation d'alcool, qui n’est pas un phénomène nouveau. Depuis des millénaires, des boissons sont fermentées partout dans le monde. C’est en Israël, près de Haïfa, que se trouve la brasserie la plus ancienne (1). Qu’il s’agisse de savourer du baijiu à Shanghai, du saké à Tokyo, de l’ouzo à Athènes ou de vins d’une étonnante variété dans les pays méditerranéens, la consommation d'alcool est profondément ancrée au sein des diverses cultures et sa portée géographique est vaste. La France a même des vins qui portent le nom de certaines de ses régions les plus célèbres, comme peuvent s'en vanter les fiers habitants de Champagne ou de Bordeaux.

Le débat animé d'aujourd'hui ne porte pas sur l'abus d'alcool. Il est reconnu que l'excès d'éthanol, le composé toxique présent dans les boissons alcoolisées, est dommageable pour la santé et peut potentiellement être mortel. Il est estimé que chaque année, près de 3 millions de décès dans le monde sont associés à l'abus d'alcool, la moitié de ces décès étant dus à des blessures et à des maladies digestives telles que la cirrhose (2).

Plutôt, on se questionne à savoir si l'alcool en certaines quantités est bon pour la santé, ou du moins non nocif. Pendant plusieurs décennies, la croyance populaire était qu'une certaine quantité d'alcool, par exemple un ou deux verres de vin rouge par jour, pouvait être une bonne source d'antioxydant, soit le resvératrol. Il était supposé que ce polyphénol présent dans la peau des raisins rouges protégeait le cœur et réduisait le risque de maladie coronarienne. Toutefois, des recherches plus récentes contestent cette affirmation. Il est désormais plutôt reconnu qu’une consommation de vin modérée est un indicateur d'un mode de vie sain, tout comme une alimentation saine, de l’activité physique régulière et une bonne santé psychosociale, des habitudes qui ensemble favorisent la longévité.

En fait, l'American Heart Association recommande aux non-buveurs de ne pas se mettre à boire (3). Des recommandations récentes publiées au Canada sont encore plus directes, déclarant que le seul rapport positif qui peut être établi entre la santé et l’alcool implique de s’abstenir complètement de boire. Dans ce rapport, il est précisé que la consommation de deux verres par semaine n'est pas dangereuse, mais que la consommation de trois à six verres par semaine augmente le risque de cancer et que la consommation de sept verres par semaine affecte négativement le risque d'accident vasculaire cérébral et même de maladie cardiaque, rejetant ainsi l'argument selon lequel un à deux verres par jour sont bons pour le cœur. Le rapport indique également que chaque verre au-delà de sept par semaine augmente les risques plus immédiats associés à l'abus d'alcool, tels que les blessures, la violence et les maladies digestives mentionnées ci-dessus (4).

Alors, que faut-il retenir? En résumé, il est préférable de s'abstenir, mais si vous avez l'intention de boire, la modération est de mise. Pour mieux profiter d'un bon verre de pinot noir, veillez à l'accompagner d'un mode de vie sain, qui inclut une bonne alimentation et de l'exercice sur une base régulière.

Notes et références

1. Wikipedia. History of alcoholic drinks. www.Wikipedia.org. S.D.

2. Poznyak, Vladimir and Rekve, Dag. Global status report on alcohol and health 2018. World Health Organization (WHO). Septembre 2018.

3. American Heart Association. Is drinking alcohol part of a healthy lifestyle? American Stroke Association. Le 30 décembre 2019.

4. Canadian Centre on Substance Abuse and Addiction. Canada’s Guidance on Alcohol and Health: Final Report. www.ccsa.ca. Janvier 2023.